Un mur qui s’effrite, une odeur d’humidité qui s’incruste, et soudain, l’infiltration d’eau ne relève plus de la fiction immobilière. Voilà une réalité que beaucoup découvrent trop tard : en copropriété, la responsabilité d’un dégât des eaux dépend souvent de l’origine exacte de la fuite, ce qui peut entraîner des interprétations différentes selon les situations. Un propriétaire occupant n’est pas systématiquement responsable des dommages subis par son voisin, même si l’eau provient de son logement. La convention IRSI, en vigueur depuis 2018, modifie la répartition des prises en charge entre assurances et parties concernées.
Selon le type de bien, le statut d’occupant et la nature des équipements touchés, les démarches et les interlocuteurs varient. L’identification rapide de l’origine de l’infiltration demeure déterminante pour la suite des procédures.
Plan de l'article
Comprendre les causes et les enjeux d’une infiltration d’eau
Impossible de réduire une infiltration d’eau à une simple fuite anodine. Ce phénomène se manifeste de multiples façons, bien au-delà du goutte-à-goutte banal :
- une canalisation vieillissante qui s’affaisse sans prévenir,
- une toiture qui laisse passer l’eau à la moindre averse,
- une façade fissurée ou encore des remontées capillaires qui travaillent les murs en silence.
Le dégât des eaux s’installe souvent à bas bruit, mais ses conséquences sont concrètes : murs fragilisés, structure abîmée, qualité de vie en chute libre.
Les origines varient, mais certaines traces ne trompent pas. Des tâches d’humidité localisées et des moisissures trahissent la fuite sur canalisation. Une infiltration par la toiture ? Les premières pluies la révèlent, avec des ruissellements sournois. La façade, elle, peut s’ouvrir sous le gel ou à cause d’une mauvaise étanchéité. Quant à la remontée capillaire, elle infiltre les murs par le bas, preuve d’un défaut de conception ou d’un entretien négligé.
Les normes DTU 20.1 et DTU 43.1 fixent des règles strictes pour l’étanchéité des murs enterrés et des toitures-terrasses. Si elles ne sont pas respectées, le constructeur peut être mis en cause pour vice de construction. Les conséquences dépassent le simple inconfort : l’eau met en péril la structure, favorise les déperditions thermiques et engage parfois la responsabilité civile de chacun.
Pour mieux cerner les situations possibles, voici quelques exemples parlants :
- Canalisation percée : la fuite est localisée, les dégâts apparaissent immédiatement.
- Toiture poreuse : l’infiltration progresse en silence et finit par causer des dégâts étendus.
- Façade fissurée : l’eau s’infiltre peu à peu, les risques pour la structure grandissent.
- Remontée capillaire : l’humidité grimpe le long des murs, le diagnostic est souvent plus compliqué.
Dès les premiers signes, solliciter un expert change la donne : il fait la lumière sur la cause exacte, distingue vice de construction, défaut d’entretien ou simple accident. C’est sur cette base que s’appuient responsabilités et recours.
Qui est responsable en cas d’infiltration : locataire, propriétaire ou copropriété ?
À chaque infiltration d’eau, la question de la responsabilité se pose sans détour. Tout dépend d’où vient le problème. Une canalisation privative défectueuse ? Le propriétaire ou le locataire peut être concerné, selon qu’il s’agit d’un défaut d’usage ou d’un équipement arrivé en fin de course. Mais si la fuite touche une colonne montante ou la toiture, le syndicat de copropriété devient l’interlocuteur principal.
Le locataire doit veiller à l’entretien courant et signaler la moindre anomalie. S’il néglige ou utilise mal les installations, il engage sa propre responsabilité. De son côté, le propriétaire est garant de l’état général et des éléments structurels du bien. Une fuite due à l’usure d’un joint, à la vétusté ou à un défaut d’étanchéité lui revient de droit. En copropriété, la séparation entre parties privatives et parties communes est la règle du jeu.
Pour clarifier les différents cas de figure, retenez les grandes lignes suivantes :
- La partie privative est touchée : le propriétaire, ou le locataire s’il a commis une faute d’usage, doit agir.
- La partie commune est concernée : la gestion du dossier revient au syndicat de copropriété, via le syndic.
Si l’infiltration trouve son origine dans un vice de construction affectant la solidité de l’immeuble, la garantie décennale s’applique. Le constructeur peut être tenu responsable jusqu’à dix ans après la réception des travaux. Avant d’entamer la moindre démarche, il s’agit donc d’identifier précisément la source du problème : chaque acteur possède ses propres devoirs et leviers d’action.
Quelles démarches entreprendre face à un dégât des eaux ?
Dès que les premiers signes d’infiltration apparaissent, il faut agir sans attendre. Fermez l’arrivée d’eau pour limiter les dégâts, protégez mobilier et affaires, puis prenez des photos. Ces images serviront de preuves lors de la déclaration à l’assureur. Si l’eau s’est invitée chez les voisins, prévenez-les sans tarder.
Rédigez aussitôt un constat amiable dégât des eaux. Ce document récapitule les circonstances, l’origine présumée, et identifie clairement toutes les parties concernées. Il facilite la gestion de l’indemnisation et clarifie la répartition des responsabilités. Pour les immeubles, contactez le syndic de copropriété, qui prendra en charge la déclaration pour les parties communes.
Votre assureur doit être informé dans un délai de cinq jours ouvrés. Mentionnez la nature du sinistre, la gravité des dommages, joignez photos et constat amiable. Si la responsabilité ou l’origine du sinistre est contestée, l’assureur peut faire appel à un expert indépendant, parfois certifié QUALIBAT 1542 : son diagnostic orientera la prise en charge et les réparations à mener.
La convention IRSI simplifie la gestion des sinistres impliquant plusieurs logements ou assureurs. Pour les fuites sur canalisation privative après compteur, la loi Warsmann prévoit un encadrement spécifique de la facturation d’eau, protégeant ainsi l’occupant. N’entamez de réparations définitives qu’avec l’accord de l’assurance, sauf en cas d’urgence absolue. Conservez toutes les factures : elles accélèrent l’indemnisation et évitent bien des oublis.
Assurance habitation : conseils pratiques pour une prise en charge efficace
L’efficacité d’une assurance habitation face à un dégât des eaux repose d’abord sur la qualité de la déclaration. Soyez précis sur l’origine de l’infiltration, la nature des dommages et la liste des biens touchés. Les contrats couvrent la plupart des dégâts liés à l’eau, mais chaque police d’assurance comporte ses propres exclusions de garantie : négligence, défaut d’entretien, humidité chronique ou vice de construction non pris en charge. Un conseil : relisez attentivement votre contrat, chaque détail compte.
Points de vigilance à chaque étape :
- Rassemblez tous les justificatifs dès le début : devis, factures, photos datées. L’assureur s’appuie sur ces documents pour chiffrer l’indemnisation.
- Prenez connaissance du montant de la franchise inscrite à votre contrat. Selon les cas, ce reste à charge peut varier considérablement.
- Respectez strictement les délais : cinq jours ouvrés pour déclarer le sinistre, sauf cas de force majeure. Un retard peut remettre en cause la prise en charge.
En copropriété, la convention IRSI simplifie la gestion des sinistres touchant plusieurs logements ou différents assureurs : un seul assureur suit l’affaire jusqu’à un certain seuil d’indemnisation. Certains propriétaires occupants bénéficient aussi d’une garantie « recherche de fuite » : précieuse quand l’origine demeure floue.
L’expert mandaté par l’assurance a la main sur la suite : il identifie la cause, attribue la responsabilité, chiffre les réparations. Sa visite conditionne souvent l’acceptation du dossier. Si des manquements à l’entretien ou une fausse déclaration sont constatés, l’assureur peut refuser d’indemniser. À chaque étape, la précision et la rigueur sont vos meilleurs alliés, car les enjeux financiers sont rarement anecdotiques.
Face à l’eau qui ronge et s’infiltre, mieux vaut s’armer d’informations solides et d’une vigilance de tous les instants. Un sinistre bien géré ne rendra peut-être pas les murs plus secs, mais il évitera de sombrer dans la galère administrative.


